Dans nos démocraties contemporaines, le pouvoir passe souvent pour être introuvable. Les gouvernants se voient régulièrement soupçonnés de n’être que les pantins des "vrais" puissants, les marionnettes de forces situées en dehors de tout contrôle populaire. En même temps, chacun a plus ou moins conscience que le propre de la démocratie, c’est de faire en sorte que le pouvoir soit partout et nulle part, qu’on ne puisse mettre la main dessus, qu’il n’appartienne à personne, et surtout pas à ceux qui l’exercent – bref qu’il soit un "lieu vide". Si le pouvoir est un lieu vide, il n’y a pas de conjonction possible entre le pouvoir, la loi et le savoir ; pas de monarque absolu, de Führer ni de Duce, moins encore de Secrétaire général omniscients. En sorte que la question du pouvoir donne lieu à un questionnement interminable, sur sa nature, sa source, son efficace. Parce qu’il n’est jamais là où l’on croit, le pouvoir déçoit forcément. Mais pour demeurer démocratique, il lui faut échapper à tous… Ce paradoxe concentre beaucoup des questions qui enflamment nos débats politiques les plus contemporains. Il nourrit les réflexions de cet ouvrage.