Rendre compte d’une sensibilité éparse dans le siècle, retracer l’expérience d’un homme d’aujourd’hui vis-à-vis de la révolte, telles furent les deux idées maîtresses de l’œuvre que nous a laissée Albert Camus. Ni prophète, ni théoricien, refusant le lyrisme des Pythies comme la logique des philosophes, l’auteur de La Peste s’est voulu le chroniqueur de notre temps partagé entre l’histoire et la religion, l’épée et la croix. Le refus maintes fois affirmé de Dieu, le mépris professé à de nombreuses pages pour l’Église, n’ont pas empêché Camus de s’interroger sur le Christ et de manifester, pour ceux qui suivent ses enseignements, compréhension et sympathie. La liberté et le bonheur de l’homme peuvent-ils, ou non, se concilier avec le fait de croire ? La réponse de Camus à cette question garde le ton de l’inquiétude. Le présent essai, construit à partir de l’analyse des textes, s’efforce d’éclairer son débat.