C’EST par l’intermédiaire du poète et éditeur Armand Guibert que Jean Amrouche et Jules Roy se sont connus en 1937. Dès 1938 et pratiquement jusqu’à la mort du poète en avril 1962, les deux hommes échangent une intense correspondance qui permet de reconstituer la genèse, l’histoire éditoriale des œuvres poétiques, l’action littéraire d’Amrouche à Tunis, chez Charlot à Alger et à la revue l’Arche à Paris. Et qui témoigne, au delà des malentendus et des blessures, d’une amitié hors du commun. Si elles constituent un document littéraire et humain saisissant de spontanéité et de vérité, ces lettres apportent surtout un témoignage capital sur la montée du sentiment nationaliste algérien, sur les déchirements engendrés de part et d’autre par la guerre d’Algérie, et sur les liens qui subsistent entre les deux pays en dépit – ou à cause – d’une histoire commune. Cet émouvant plaidoyer en faveur de l’amitié entre deux peuples constitue aussi l’un des messages de ce qu’on a appelé l’École d’Alger.