Que les gens sont mal élevés ! Un rappel de savoir-vivre.
Il faut considérer aujourd'hui le savoir-vivre comme un chef d'œuvre en péril, car la politesse est mal vue aujourd'hui, voire condamnée au nom d'une certaine morale, issue de mai 1968. Ne dit-on pas d'ailleurs " Trop poli pour être honnête " ? Depuis le fameux slogan " Il est interdit d'interdire ", la politesse est considérée non seulement comme surannée, mais immorale en ce sens qu'elle est faite d'interdictions destinées à discipliner chez l'homme sa sauvagerie primitive. Elle apparaît non seulement comme un effet de l'éducation, mais aussi de l'intelligence et du raisonnement, en vertu de ce principe évangélique : " Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse à toi. " C'est d'ailleurs un conseil de prudence et le fondement de toute morale, païenne ou chrétienne. Et c'est également, si l'on peut dire, un bon placement, ainsi que l'écrivait Mme de Saint-Lambert, amie des philosophes : " Il faut se sacrifier au bonheur des autres pour que les autres se sacrifient à nous. Tout est fondé sur une réciprocité. On fait un prêt, dont on perçoit les intérêts. C'est la banque du bonheur, mais il y de a l'agiotage ! " Dès que cèdent les barrières patiemment édifiées au cours des siècles, déferle une barbarie à laquelle on veut chercher d'autres causes. Lorsque des Anglais, dits " les monstres de Chester ", avaient filmé les tortures infligées jusqu'à ce que mort s'ensuive à des adolescents, bien des gens s'étaient indignés d'une telle sauvagerie, et Philippe Jullian, au lieu de se joindre au chœur des lamentations, s'était contenté d'observer : " Ce ne sont pas des monstres, ce sont seulement des gens qui n'ont pas été élevés, on ne leur a jamais dit que cela ne se faisait pas... " C'est le même qui devait d'ailleurs observer un autre jour : " Tous les gens sont mal élevés, mais les gens du monde, au moins, savent qu'ils le sont... "